Les autorités polonaises ont convoqué vendredi 8 avril 2022, l’ambassadeur de France en Pologne, pour protester contre des propos du président Emmanuel Macron, accusant le chef du gouvernement polonais d’«antisémitisme d’extrême droite».
Le président français a donné une interview au média Le Parisien, diffusé vendredi, et dans laquelle il a notamment déclaré: «Le premier ministre polonais est un antisémite d’extrême droite, qui interdit les LGBT. […] Il soutient Marine Le Pen qu’il a reçue à plusieurs reprises. Ne soyons pas naïfs, il veut aujourd’hui l’aider avant le scrutin !». Une déclaration qui a mis les autorités polonaises en colère et elles ont réagi en convoquant l’ambassadeur de France à Varsovie.
«Suite aux déclarations contenues dans l’interview du président de la République française Emmanuel Macron au Parisien, le ministre [polonais des Affaires étrangères] Zbigniew Rau a décidé de convoquer l’ambassadeur de France», a indiqué ce 8 avril sur Twitter, le porte-parole du ministère polonais des Affaires étrangères.
La déclaration de macron intervient après que le chef du gouvernement polonais, Mateusz Morawiecki, avait interpellé le dirigeant français en début de semaine au sujet de ses échanges téléphoniques réguliers avec le président russe Vladimir Poutine, dans le contexte d’offensive russe en Ukraine.
«Monsieur le président Macron, combien de fois avez-vous négocié avec Poutine, qu’avez-vous obtenu ? On ne débat pas, on ne négocie pas avec les criminels», avait déclaré le Premier ministre polonais, n’hésitant pas à ajouter : «Personne n’a négocié avec Hitler. Est-ce que vous négocieriez avec Hitler, avec Staline, avec Pol Pot ?»
Le 6 avril, dans un entretien donné sur TF1 le 6 avril, Emmanuel Macron avait déjà réagi, déclarant assumer «totalement d’avoir constamment, au nom de la France, parlé au président de la Russie pour éviter la guerre et construire une nouvelle architecture de paix en Europe».
Ce dialogue entre Paris et Moscou est mené de manière lucide, selon Emmanuel Macron, et ce depuis le début de son mandat : «Je n’ai jamais été naïf […], je n’ai jamais été complice, contrairement à d’autres», a affirmé Emmanuel Macron le 6 avril, visant là encore Marine Le Pen, qui avait par le passé dénoncé l’escalade des tensions entre l’Occident et la Russie.