L’ancien président du Niger Mahamadou Issoufou a évoqué dans un entretien avec « l’Opinion », la question de l’insécurité au Sahel et a directement pointé du doigt la politique interventionniste de certaines grandes puissances mondiales.
Se prononçant sur les défis sécuritaires auxquels fait face le Niger aujourd’hui, depuis la chute de Mouammar Kadhafi en Libye, Mahamadou Issoufou a souligné que « tous nos malheurs viennent de Libye ». S’interrogeant sur la question, il indique que « qui a créé cette situation ? Nous, a-t-on demandé notre avis avant de déclencher cette guerre ? Je l’ai appris à la radio alors que mon pays partage une frontière de plus de 350 km avec ce pays ».
Une façon plus ou moins claire de pointer du doigt les occidentaux et de mettre en évidence leur très grande responsabilité dans la situation sécuritaire dans le Sahel aujourd’hui complétement embrasé par la guerre djihadiste. Pour rappel, l’Union africaine n’a pas été consulté avant que la France n’attaque la Libye avec l’aide de ses alliés de l’OTAN. Ils ont assassiné le dirigeant du pays et laissé la Libye dans le chaos avant de se retirer. Depuis, les armes, les mercenaires et toutes sortes de produits de contrebande transitent par ce « non-Etat ».
Repenser la démocratie
Le reproche fait à Kadhafi était entre autre la dictature ; mais l’ancien président du Niger se pose la question de savoir si la démocratie en elle-même existe dans le monde. « On reproche aux pays africains de ne pas promouvoir la démocratie ; existe-t-elle au niveau de la gouvernance mondiale ? C’est le système de gouvernance politique et économique mondial qu’il faut changer », a-t-il souligné.
« On pouvait aimer ou pas Saddam Hussein mais son élimination a abouti à la création de l’Etat islamique par certains de ses anciens collaborateurs. L’Etat islamique au Grand Sahara en est aujourd’hui la conséquence. Nous payons le prix des politiques interventionnistes mal réfléchies, depuis l’Afghanistan jusqu’au Sahel. Nous devons agir sur trois piliers : la défense, le développement, la démocratie », a indiqué Mahamadou Issoufou.